Une action pour la saison : un jardin plus nature !

Avec l'arrivée du printemps qui bat son plein et nous rapproche de l’été, l'envie de travailler au jardin revient. Préparer, nettoyer, semer, planter, tondre ou encore tailler. Pour cela, sachez-le, point trop n'en faut ! La mesure est de mise dans ces vastes travaux d'aménagements et il est important de parvenir à un équilibre entre le faire et le laisser faire. C'est la saison où la nature reverdit après l'hiver et s'exprime dans toute sa vitalité. À nous de savoir composer avec elle au sein de cette symphonie végétale !

 

Voici quelques recommandations, un code de bonne conduite pour ainsi dire, pour un jardin plus accueillant et respectueux de la vie, qu'il est possible de mettre en place facilement. Nous pouvons ainsi, au fur et à mesure des années, observer avec joie les évolutions du jardin au quotidien !

 

La tonte : Tondre est parfois une action incontournable pour un jardin « propre » et « entretenu ». Cependant, cette action n'est pas anodine car elle entraîne des chamboulements rapides pour la petite faune et conditionne la présence des plantes poussant spontanément chez vous. Quelques conseils s'appliquent et permettent de partager agréablement le jardin entre vos espaces tondus et ceux que vous réservez pour ses autres habitants. Privilégiez des allées et des chemins entre vos zones de loisirs plutôt que de tondre l’intégralité de votre surface. Il est possible de pratiquer de très beaux arrangements en jouant avec différentes hauteurs de tonte. Vous pouvez par exemple tondre plus court aux emplacements où vous souhaitez marcher / vous asseoir et laisser le reste plus long. Ces différences permettront de créer plusieurs zones de températures et d'habitats différents, l'idéal pour les papillons par exemple, qui cherchent continuellement la température à laquelle ils sont le plus à l’aise. Vous pouvez également tondre votre pelouse en alternant le moment des coupes selon les parcelles. Ainsi, chaque semaine, vous travaillez sur un espace différent et vous conserverez ainsi en permanence des hauteurs de coupes différentes ! La question que vous pouvez honnêtement vous poser est la suivante : est-ce vraiment nécessaire de couper ici pour mes activités ? Une action pour la saison : un jardin plus nature !

 

Conseil numéro 1 : tondez haut ! Remontez la hauteur de coupe de la tondeuse d’un ou deux crans. Cela permettra un double avantage, d'une part, les fleurs sauvages pourront s'épanouir et vous combler de leur floraison. Elles sont nécessaires pour les nombreux insectes pollinisateurs qui vivent autour de chez vous. Vous pourrez ainsi donner la chance aux pâquerettes, violettes, pissenlits, picris, bugles, lierre terrestre et tant d'autres de s'épanouir. Rappelons que la plupart de ces plantes sont comestibles pour les humains !

D'autre part, une herbe plus haute protégera mieux le sol de la lumière directe du soleil et de la sécheresse.

Pas de secret, si vous ne souhaitez pas une ambiance herbe jaune et cramée des mois d'étés, tondez moins court et moins souvent.

 

Conseil numéro 2 : Commencer par l'intérieur de votre surface ! Pour vos espaces plus grands à tondre, il est précieux d'adopter une attitude qui permettra un taux de survie des insectes nettement supérieur. Il s'agit de la tonte « par l’intérieur ». Commencez par tondre depuis l’intérieur de votre espace et non pas par les bords. L’herbe haute héberge de nombreux insectes qui, lorsque la tondeuse est passée tout autour de la surface, se retrouvent « piégés », effrayés par le bruit de l’engin et vont fuir vers l’intérieur, c'est à dire là où vous allez tondre, là où ils peuvent « se mettre à l’abri ». En pratiquant une coupe par le milieu, vous laissez le « champ libre » aux animaux pour qu’ils puissent s’enfuir sur les côtés plus facilement. La destruction de la microfaune est moins importante à chaque tonte, notamment dans les petits espaces.

 

Conseil numéro 3 : Laissez des coins non tondus ! Vous permettrez ainsi aux habitants naturellement présents (plantes et animaux) de vivre leurs vie, en y trouvant gîte et couvert, et en leur permettant d'assurer un minimum de reproduction pour les années futures. Vous attirerez ainsi insectes pollinisateurs et auxiliaires (nom donné aux prédateurs des petits animaux indésirables pour nos culture) qui dépendent directement des plantes spontanées et locales de votre jardin. Et si vraiment cela vous démange, pratiquez une petite fauche tardive en fin de floraison. Sachez cependant que de nombreux insectes ont besoin de la protection des herbes sèches, des écorces et des anfractuosités du bois mort pour passer l'hiver. Vous pourrez ainsi profiter des bienfaits de nombreuses plantes sauvages comestibles, excellente pour la santé, comme les orties.

 

Conseil numéro 4 : La circulation, c'est la vie ! Pour pouvoir circuler d'un endroit à l'autre, les petits animaux (insectes et mammifères) ont besoin de « chemins » couverts. Laissez pousser les herbes qui bordent vos haies, et laisser des « couloirs » non tondus menant aux différentes zones de votre jardin et vers les extérieurs. Vous verrez alors ces petits couloirs se transformer en véritables autoroutes !

 

Conseil numéro 5 : Tondez moins souvent, espacez vos tontes et tondez au bon moment. Ne craignez pas que l’herbe devienne trop haute et que cela devienne impossible ! Trouvez un équilibre entre tondre toutes les semaines et seulement quand cela est véritablement nécessaire pour vous (toutes les trois ou quatre semaines par exemple). Pourquoi ne pas adopter le slogan : « En mai, tonte à l’arrêt » ? En pratiquant une fauche raisonnée que quelques fois par an et après floraison, vous laissez toutes les chances aux fleurs sauvages de se développer. Votre jardin offrira ainsi plus de sources de nourriture et d'abris aux insectes, aux oiseaux et aux petits mammifères. Le principal à retenir est surtout de tondre APRES floraison des plantes.

 

Conseil numéro 6 (qui est le vrai conseil numéro 1) : N'utilisez évidemment aucun produit de traitement chimique ! Ni fongicide, ni bactéricide, ni herbicide, ni insecticide, ni pour détruire les mousses et les algues (qui ne sont absolument pas nocives et qui vivent en symbiose avec les arbres et les pierres). Tous ces produits ne sont pas sélectifs et empoisonnent la totalité des êtres vivant et l'eau de votre sol. Il est possible avec de l'observation, et un peu d’expérience de n'utiliser que des aides naturelles pour votre jardin.

 

Pour résumer, si vous souhaitez que la faune et la flore de votre jardin s’épanouissent, tondez-le le moins possible, judicieusement, et surtout, laissez des espaces où la végétation se fait spontanément.

 

Beaucoup d'insectes, notamment les papillons, ont des larves qui ne peuvent se nourrir que d'une ou parfois plusieurs plantes sauvages spécifiques. Les plantes poussant spontanément sur vote terrain sont les plus adaptées pour cela. En encourageant la végétation spontanée, vous aurez une richesse inégalée de fleurs parfaitement adaptées pour le sol et les animaux de la région. Vous pourriez ainsi voir réapparaître de nombreux insectes et papillons en voie d'extinction, assister au retour des chauve-souris et des oiseaux migrateurs, à qui vous offrez la possibilité de se nourrir et de se reproduire.

 

Si vous ne voyez pas beaucoup de fleurs les premières années, c'est normal. Un terrain mis à mal aura besoin de quelques années de bonssoins pour pouvoir retrouver un équilibre. Rien ne vous empêche de semer quelques plantes à fleurs, fortes appréciées des insectes !

 

Les principaux arguments concernant une tonte « terrain de golf » sont que cela « fait propre » ou « pour que les voisins nous laissent tranquille ». A cela je répondrais qu’un jardin entretenu n'est pas forcément un jardin où il n'y aucune spontanéité, au contraire. Et pourquoi ne pas en profiter pour sensibiliser vos voisins à votre démarche ? La valorisation et la protection de la vie me semble plus importante que l’avis des voisins sur la « propreté » de la nature autour de chez soi.

 

Semez des fleurs. Semer des plantes mellifères ou des mélanges de « fleurs de prairies » peut être une bonne idée, mais attention aux mélanges « tout fait » qui contiennent souvent trop peu d’espèces indigènes et qui ne sont donc pas vraiment adaptées aux insectes. Rien de mieux que de laisser fleurir les plantes spontanées (que certains appellent « mauvaises herbes » de votre jardin) car ce sont elles qui seront le plus à même de nourrir vos petits protégés. Sachez à titre d'exemple que les chardons font parties des plantes mellifères les plus réputées, que les orties nourrissent à elle seules plusieurs espèces de papillons qui ne peuvent se reproduire que sur elles. D'ailleurs, la plupart sont comestibles et /ou médicinales pour les humains. Que d'avantages !

 

Voici une petite liste de plantes annuelles médicinales et mellifères qui ont tendance à se ressemer toutes seules : Bourrache, Cosmos, Centaurée, Nigelle, Calendula, Pavot de Californie, Lin, Tournesol, Coriandre, Mauve, Capucine, Camomille allemande, Pavot somnifère, Phacélie, Pensée sauvage…Pensez bien-sûr aux nombreuses vivaces qui font le plaisir des sens de chacun : mélisse, thym, romarin, lavande, consoude… Je vous recommande également de laisser fleurir une partie de vos légumes si vous faites un potager. La plupart de nos légumes sont des descendants de nos plantes indigènes et fleurissent lorsque nous les laissons faire.

 

Ce sont des fleurs fortes appréciées par beaucoup ! Certains légumes fleurissent la deuxième année de leurs existences, comme les carottes.

Il faut donc les laisser en terre pour avoir la chance de voir leurs floraisons. Cela vous permettra en plus de récupérer vos semences pour l’année prochaine !

Valoriser le bois mort. Le bois mort est souvent mal considéré, tout comme les herbes sèches, les arbres en fin de vie et les branches mortes, tombées au sol ou non. Le Bois « mort » est un élément essentiel dans la vie des écosystèmes, et du cycle du carbone dans le sol. C'est un élément absolument indispensable.

 

Nous appauvrissons beaucoup le sol en « nettoyant » le bois mort, les herbes sèches et les feuilles des arbres au lieu de les laisser participer à la suite de leurs cycles. Beaucoup d'animaux sont dépendant du bois mort pour se nourrir ou se protéger de la rigueur l'hiver. Si vous ne souhaitez pas laisser sur place ce genre de matière, profitez-en pour en faire des tas dans des coins de votre jardin. Ils auront le double avantage de nourrir progressivement vote sol tout en accueillant insectes et petits mammifères pour la période de reproduction et pour l'hiver (les hérissons et les crapauds par exemple ont besoin de passer l'hiver dans des tas de branches ou de feuilles mortes).

Alors bon jardin et profitez bien des merveilles du printemps !

 

Florelle Antoine