Des nouvelles de la réseve : le loup !

 

Chaque saison, nous vous présentons une brève nouvelle sur la vie de nos réserves. Ce printemps a un hôte à l'honneur : le Loup.

 

Située dans une région montagneuse de la vallée de la Drôme, au sein d'un massif des Alpes du sud, la première réserve naturelle de l’association se situe à la croisée d'une rencontre exceptionnelle entre trois influences climatiques : continentale, montagnarde et méditerranéenne. Connectée à l'Arc Alpin et au cœur d'une centaine d'hectares sorties des exploitations forestières, sa situation lui offre une richesse d'habitat qui ne pourra que grandir et se renforcer proportionnellement à la baisse de la pression exercée par l'homme.

 

Rappelons que les écosystèmes forestiers en évolution naturelle sont extrêmement rares sous nos latitudes, bien plus rares que les milieux ouverts pâturés ou les forêts de productions de bois. En matière de biodiversité, ces milieux forestiers représentent un enjeu de conservation vital et prioritaire.

 

Revenons à notre animal phare, le loup. Traqué depuis des siècles et disparu de nos campagnes depuis des décennies, notre ami le Loup, Canis lupus pour les latinistes, réapparaît sur le territoire métropolitain français. Il est à noter que le retour du Loup en France s’opère naturellement et spontanément, provenant directement de populations de loups sauvages qui se sont maintenus dans les Alpes italiennes. L’expansion des surfaces forestières ainsi que la déprise agricole lui sont favorables notamment par la présence aujourd’hui plus nombreuse de ses proies (cerfs, chevreuils, mouflons, chamois, sangliers, lièvres, insectes mais aussi quelques fruits et des graminées selon la saison). Depuis son retour, cette espèce très discrète a pourtant fait couler beaucoup d'encre et déchaîné quelques passions endormies, reflétant les choix passés d'éradication systématique de certaines espèces de notre territoire.

 

N'oublions pas que les conflits qui peuvent opposer les éleveurs à la présence des loups ne font que masquer un système d'élevage et de production en déclin ainsi que la suite logique de vieux schémas de haine et d'extermination ayant eu cours dans un passé pas si lointain. Cet animal nous permet ainsi de nous questionner en profondeur sur la façon dont nous pouvons vivre en accord avec le monde qui nous entoure, plutôt que de décider de supprimer une partie fondamentale de la richesse de la Vie. Nous savons désormais que les grands prédateurs sont essentiels à des écosystèmes sains et fonctionnels. Avec quelques espèces comme l'ours et le lynx, il est emblématique d'un certain retour à une nature plus sauvage, c'est à dire plus complète. Comme une vaste pièce manquante du puzzle, son retour progressif amène une bouffée d'oxygène pour la vaste toile du monde vivant.

 

Bien que nous ayons oublié depuis quelques dizaines d'années que le Loup fait partie intégrante et est une composante essentielle de nos écosystèmes, il est encore heureusement présent dans bon nombre de pays européens où la cohabitation avec l'homme peut se passer sans heurts aucuns. Par sa présence, le loup fascine. Loin de la peur et de la mauvaise presse avec laquelle il a pu être considéré, les études sur le loup montrent des interactions sociales complexes et une intelligence adaptative brillante. Rappelons également que le chien, avec lequel nous avons développé des liens très proche, appartient à la même espèce zoologique que le loup et descendrait d'une espèce commune de loup éteinte à l'heure actuelle. Alors redonnons ses lettres de noblesse à cet animal qui a tant fait partie de notre vie, et que nous avons simplement oublié pendant quelques instants.

 

Par sa présence, le loup fascine. Loin de la peur et de la mauvaise presse avec laquelle il a pu être considéré, les études sur le loup montrent des interactions sociales complexes et une intelligence adaptative brillante. Rappelons également que le chien, avec lequel nous avons développé des liens très proches, appartient à la même espèce zoologique que le loup et descendrait d'une espèce commune de loup éteinte à l'heure actuelle. Alors redonnons ses lettres de noblesse à cet animal qui a tant fait partie de notre vie, et que nous avons simplement oublié pendant quelques instants.

 

Dans toute la région située à l'Est du Rhône, dont la réserve fait partie, le loup réintègre progressivement ses territoires et sa place dans nos vies. Nous sommes heureux que le loup fasse partie des espèces présentes au cœur et autour de la réserve, symbole d'une nature vivante et vibrante. Gageons que les mesures de protection grandiront et lui permettront de se réinstaller durablement en France, dans nos cœurs et dans notre quotidien.

 

Ainsi, le Loup est une espèce phare nous permettant de nous adapter et d'évoluer vers une cohabitation plus juste et plus harmonieuse avec la vie autour de nous. Plutôt que de perpétuer un vieux conflit, engageons-nous à comprendre comment mieux respecter la vie et mieux cohabiter avec les grands prédateurs de notre continent. Les loups ne représentent pas de danger pour l'homme et sont une espèce particulièrement angulaire et fertile pour nos écosystèmes (cela veut dire que sa présence normale et naturelle influence positivement toutes les interactions et régulations qui se mettent naturellement en place pour des écosystèmes et des gestions de populations saines. De nombreuses expériences et études montrent en effet le rôle particulièrement positif du loup à tous les niveaux.)

 

Les massifs du haut Diois, vastes, montagneux, parfois forestiers, accueillent une belle population de Loup et nous sommes heureux de contribuer au retour naturel de cette espèce par la protection intégrale d'une portion de leur territoire (rappelons qu'à titre purement indicatif, le loup étant une espèce très adaptable et mouvante, le territoire moyen d'une meute peut être estimé autour des 100 km2). La pérennisation des loups est encore incertaine aux vues des politiques actuelles de gestion des populations, notamment par les nombreuses dérogations de tir, d'abatage et de braconnage en hausse ces dernières années (110 loups abattus en 2021 ; 174 en 2022 et ce chiffre est en hausse).

L'office français pour la biodiversité notait déjà en 2020 « plusieurs signaux montrant une dégradation de la dynamique de la population ». Une population stable nécessitera un changement de politique à son égard. Souhaitons que notre engagement et notre volonté de retrouver une façon de vivre équilibrée et respectueuse de la vie nous permettra d'apprendre de nos erreurs passées et d’accepter tout ce que le Loup a à nous offrir.

 

Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur la situation du loup en France et en Europe, je vous invite à lire ce document : Les loups de France de Roger Mathieu. (disponible en format PDF sur le site de la Frapna Drôme, section faune et flore sauvage)

 

Florelle Antoine